ADAAE Vahakekua
Unité de Production de Semences
aux Îles Marquises
En janvier 2012, les membres de l'association ADAAE-ASE décident de mettre en place un projet de création d'une association basée aux îles Marquises en Polynésie française. Le but recherché étant de créer une ferme expérimentale sur l'autonomie alimentaire et économique.
Par la suite le projet va évoluer et l'objectif du départ va se transformer sensiblement.
Le projet devient alors la création d'une UPS - Unité de Production de Semences - afin de créer une banque de semences paysannes. L'objectif de préserver une biodiversité de semences permet d'accéder à une souveraineté alimentaire pour les îles Marquises.
En janvier 2017, le projet se réalise à Nuku Hiva, la capitale des îles Marquises,
avec la colaboration de la commune de Taiohae.
L'association ADAAE Vahakekua est alors crée.
En octobre 2019, l'association ADAAE-ASE est dissoute afin que les membres
fondateurs puissent se consacrer pleinnement à l'association ADAAE Vahakekua
ainsi qu'au projet UPS.
UPS / Banque de semences
1 - Pertinance du projet
Création d'une unité de production de semences (UPS), en Polynésie Française (Îles Marquises), afin de renforcer la souveraineté alimentaire, la protection de la biodiversité et l'autonomie semencière des populations, face à leurs situations de dépendance alimentaire aux importations de nourriture, liées à leur situation d'isolation géographique.
2 - Objectif du projet
2/1 - Les objectifs principaux du projet sont :
- Contribuer à la protection de la biodiversité.
- Développer une unité de production de plantes comestibles (plantes potagères et plantes alimentaires traditionnelles de Polynésie).
- Développer les cultures de plantes utiles à la lutte contre l’érosion des terres arables et d’une manière générale contre le réchauffement climatique.
- Assurer la sécurité des semences et préserver l’agro-biodiversité,
- Favoriser la souveraineté alimentaire des populations locales à travers un usage durable et respectueux de l’environnement et des ressources disponibles.
- Préserver les savoirs et connaissances ancestrales.
- Créer des modules de formations sur la production de semences et l’agro-écologie.
- Maintenir les populations rurales dans les îles et assurer la relève des exploitants agricoles.
L’objectif spécifique du projet est que la population puisse disposer de semences agricoles traditionnelles et reproductibles ainsi que des connaissances nécessaires lui permettant de subvenir à ses besoins alimentaires. Pour atteindre cet objectif et toucher la communauté dans son ensemble, un travail particulier sera mené avec les femmes pour qu’elles soient à même de gérer des banques de semences. Traditionnellement, la sauvegarde des semences revient aux femmes, qui détiennent un grand savoir sur les semences et jouent un rôle visible dans la préservation de la diversité au niveau de l’exploitation. Un travail particulier sera donc mené avec les femmes pour qu’elles soient à même de gérer des banques de semences.
2/2 - Les objectifs du projet à long terme seront donc :
- De relier avec les savoirs ancestraux et par ce biais de réinventer le partage entre générations.
- De mettre fin à la dépendance des petits paysans pour l’achat des semences et produits chimiques.
- De rompre le cycle de dépendance envers les importations d’aliments.
- De donner accès à une alimentation saine et variée aux populations locales.
- De sensibiliser les agriculteurs et la population en général, a l’agro-écologie.
- De créer une dynamique citoyenne de solidarité et de partage dans le but d’une autonomie alimentaire.
Pour aller plus en détail, le projet vise à garantir la souveraineté alimentaire et l’autonomie semencière des populations de Polynésie ainsi qu’à régénérer et protéger la biodiversité par le biais de la création d’une unité de production de semences (UPS), modèle qui servira de centre de formation pour la création de banques de semences ou Centres Communautaires de Production de Semences (CCPS) gérées de manière paritaire. Ceux-ci sont destinés à réintroduire des variétés anciennes perdues (pour remplacer les variétés hybrides vendues sur le marché), à promouvoir les variétés locales encore préservées. Et à promouvoir les plantes reconnues pour leurs valeurs d’utilités dans l’autonomie alimentaire et de protection de l’environnement.
La création de cette unité de production de semences permettra aux agriculteurs d’avoir accès aux ressources génétiques reproductibles, ce qui contribuera à garantir leur totale autonomie vis-à-vis de l’industrie semencière.
La semence permet aussi de renforcer le lien entre les individus ; car lorsqu’ il y a partage des ressources, il y a aussi tout un échange d’expériences et de cultures.
D’autre part, le projet incitera les familles et communautés paysannes à se regrouper entre elles afin d’augmenter leur poids sur le marché local, national et international.
Le but principal de nos actions concerne donc la création d'une banque de semences visant à permettre aux agriculteurs locaux de se dégager de la logique de production industrielle globale et de revenir ainsi à une agriculture aux valeurs ancestrales. De cela va découler deux autres types d'actions : Formation/Initiation aux méthodes de production traditionnelles et une formation à l'agro écologie : méthode d'agriculture conciliant les arbres (pour les fruits et le bois fragmenté), et la production végétale.
Concrètement, les banques de semences sont une forme de stockage et de diversification qui permet d'améliorer la capacité des agriculteurs à faire face aux facteurs de pressions économiques et environnementales en exploitant et en cultivant plusieurs variétés adaptées aux conditions naturelles (particularismes géographiques). Elles facilitent l'entrée des paysans sur les marchés et leurs donnent plus de choix dans leurs cultures. Les banques de semences permettent aux villages locaux, voir même tribaux, d’être moins dépendants des variétés à haut rendement et des produits coûteux tels que les engrais et les pesticides.
Les résultats attendus sont :
- Émancipation du schéma de production industrielle imposée par les multinationales.
- Totale indépendance des paysans locaux.
- Préservation du savoir ancestral.
- Réimplantation du rôle clé et fondamental de la Femme dans l'agriculture.
- Protection de l’environnement.
- Redynamiser l’activité agricole de type familial.
La confection de produits transformés est aussi encouragée, tels que les confitures, les fruits secs, les jus, les épices, les sirops, les thés,... issus des cultures et permettant une meilleure conservation des surplus de la production. Les aliments transformés permettent aux agriculteurs de faire une plus grande marge sur les produits et d’utiliser le surplus qui n’a pas été vendu. Cet apport supplémentaire leur permet ainsi d’augmenter leurs revenus et d’assurer leur autonomie financière.
L’UPS fournira aux futures banques de semences ou CCPS, des lots de semences, afin de pouvoir les aider à produire elles-mêmes leurs semences et ainsi leur garantir une autonomie effective.
2/3 - Bénéficiaires finaux:
De manière plus générale, les bénéficiaires finaux du projet seront les consommateurs, les habitants des communautés et les jardiniers amateurs, qui pourront profiter d’aliments biologiques et sains et de semences reproductibles et accessibles à tous.
Ce projet est également considéré comme un projet « pilote », voué à être reproduit à travers les différentes régions du pays et ainsi, à toucher un maximum de paysans et paysannes et la population dans son ensemble. Il a donc comme finalité d’inspirer et de s’étendre à travers la Polynésie dans son ensemble afin d’accompagner un maximum de communautés rurales et paysannes vers une souveraineté alimentaire perdue et une autonomie semencière vitale.
2/4 - Durabilité des bénéfices du projet:
Grâce à la création d’une banque de semences, différentes retombées sont attendues, aussi diverses que variées. Tout d’abord, à une échelle globale, la création de cette banque de semences, va permettre de créer des liens culturels et techniques entre les différentes îles et atolls de Polynésie.
Ensuite et surtout, à une échelle locale, cette banque de semences et la diffusion de savoirs qui va venir l’accompagner vont avoir un impact à différents niveaux :
Au niveau technique : cela va permettre aux familles de petits paysans ainsi qu’aux nombreux acteurs faisant partie de ce projet de partager leurs connaissances et de trouver les solutions les plus adaptées à la réalité locale. Par exemple : mettre en relation l’IRD, les services de l’agriculture, l’association ADAAE-Vahakekua, ainsi que les familles de petits paysans, tout cela va créer des liens entre les savoirs
« ancestraux » et les « nouveaux savoirs » (liés aux nouvelles technologies agro-écologiques). De cette relation vont naître de nouvelles façons de cultiver la terre, plus respectueuses de l’environnement et en même temps plus « productives » et « rentables ».
Au niveau économique et social : l’un des buts recherchés de cette action est d’améliorer les conditions de vie des familles rurales et des travailleurs de la terre en leur permettant de vivre de leurs productions. L’action a pour but de permettre l’indépendance, principalement financière, de ces familles. Proposer la création d’une banque de semences va également permettre de recréer des liens entre les petits paysans. Les liens sociaux sont à la base de ce genre de projets. Par exemple, si un petit propriétaire emprunte deux types de semences, il devra l’année suivante restituer ces deux types de semences ou bien les fournir, soit à deux autres agriculteurs soit à l’association ADAAE-ASE, afin que celle-ci puisse les redistribuer. Ainsi, les agriculteurs prennent souvent l’initiative de donner ces semences à d’autres paysans afin d’aider à la prise d’indépendance de ceux-ci.
Au niveau politique : en prouvant qu’une agriculture traditionnelle et familiale, respectueuse de l’environnement existe encore et peut produire tout autant que l’agriculture dite intensive sans les méfaits de plus en plus apparents de ce type de culture, ce type de projet aidera à la prise de conscience des classes politiques. A l’heure où les questions sur le développement durable, l’environnement, les énergies que l’on laissera aux générations futures sont omniprésentes, ces projets représentent des alternatives concrètes et efficaces, et qui plus est, répondant à de nombreux problèmes structurels de nombreux pays. Pour ce qui est de la Polynésie, ce type de projet peut permettre de résoudre de nombreux problèmes tels que les écarts de revenus entre grands propriétaires et petits paysans, l’exode rural, la population grandissante qu’il va falloir nourrir, ainsi que l’appauvrissement des sols. En créant un projet solide et durable, cela permettra d’éveiller la prise de conscience des classes politiques.
2/5. Caractère d’innovation du projet :
Le projet est grandement innovant et ce, sur différents aspects :
- Le projet de création de Centre Communautaire de Production de Semences permet de remettre en circulation de nombreuses variétés de plantes (notamment alimentaires) ayant disparu ces dernières années.
- Ce projet permet également (et surtout) d’accompagner les paysans des régions visées vers une autonomie semencière perdue. Les semences traditionnelles et les techniques d’agriculture dites « alternatives » permettent aux paysans de retrouver une souveraineté alimentaire et une grande partie de leur autonomie aujourd’hui perdue. Il s’agit donc d’un véritable accompagnement vers une autonomie à long terme et non seulement une aide ponctuelle et partielle.
- Le projet est également innovant de par son fort caractère multiplicateur. En effet, il vise à être reproduit et adapté dans les communautés, zones ou régions où les besoins se feront le plus sentir. Il ne s’agit donc pas seulement d’une action isolée mais plutôt d’une démarche globale pour redonner aux paysans du pays (et d’ailleurs) les moyens nécessaires pour pouvoir faire des choix et décider quoi et comment cultiver.
- Les approches participatives présentes dans le projet sont également innovantes car elles permettent d’assurer une répercussion positive sur la communauté dans son ensemble et pas uniquement sur les paysans. Elles permettent de définir AVEC et POUR les populations, ce dont elles ont besoin et non d’appliquer un modèle préalablement pensé comme cela peut parfois, malheureusement, être le cas.